6 femmes scientifiques qui ont révolutionné l'informatique moderne - Letecode

6 femmes scientifiques qui ont révolutionné l'informatique moderne

Ada Lovelace, Margaret Hamilton, Grace Hopper… L'informatique à l'origine était une science féminine.

Jean Claude Mbiya
Jean Claude Mise à jour : 19 décembre 2022 851

Si l’univers de la programmation informatique est aujourd’hui un milieu majoritairement masculin, les femmes ont pourtant joué un rôle majeur dans la conception de l’ordinateur tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Le 11 février a eu lieu la Journée internationale des femmes et des filles de science pour la 4ème année consécutive. Une occasion de faire le point sur la place des femmes dans le secteur informatique.

Une étude menée par l’Institut de statistique de l’UNESCO en 2015 a révélé ceci : “moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes”. C’est suite à ce constat qu’est née cette journée internationale. Malgré des progrès réalisés cette dernière décennie, notamment avec la création en 2011 du programme Femmes du Numérique qui représente et encourage les femmes dans ce corps de métier, on constate tout de même que les femmes restent largement sous-représentées dans les domaines scientifiques et notamment en informatique. Elle ont pourtant été à l’origine d’innovations majeures et dont on se sert pour la plupart encore aujourd’hui. D’ailleurs, saviez-vous que le 1er programme informatique a été créé par une femme en 1843 ? Zoom sur quelques grandes informaticiennes qui ont marqué l’Histoire.

Ada Lovelace

Ada Lovelace, fille de Lord Byron et pionnière de l’informatique

Née en 1815, soit bien avant la conception du tout premier ordinateur, la comtesse de Lovelace fait pourtant figure de pionnière dans le domaine des sciences informatiques. Horrifiée à l’idée qu’elle devienne une poétesse romantique comme son illustre géniteur, sa mère l’abreuve très tôt de leçons de mathématiques, espérant ainsi la vacciner contre la poésie. Apprendre la science des nombres permet à Ada Lovelace d’exprimer sa créativité autrement qu’en rédigeant des sonnets. À Londres, elle fait la connaissance du philosophe, mathématicien, ingénieur et inventeur Charles Babbage, avec qui elle pense et planifie la conception d’une machine susceptible d’effectuer des opérations mathématiques complexes. Ada Lovelace voit toutefois plus loin. Elle imagine une machine dont les possibilités iraient au-delà du calcul et qui serait capable de jongler avec les mots, les images et la musique. Trop en avance sur son temps, le projet ne sera jamais construit, mais les notes et croquis rédigés par le couple seront utilisés par les hommes qui bâtiront le premier ordinateur, un siècle plus tard.

Véritable pionnière de la science informatique, sa découverte résulte de ses travaux sur la machine analytique de Charles Babbage, qui n’est autre que… l’ancêtre de l’ordinateur ! En son hommage, un langage de programmation orienté objet a été créé en 1980 et appelé “Ada”. Sa dernière mise à jour date de 2012 et il est encore appris et utilisé aujourd’hui.

 

Edy lamarr

Hedy Lamarr, étoile d’Hollywood et pionnière de la technologie wifi

Il est fort probable que vous lisiez cet article grâce au Wi-Fi… donc grâce à Hedy Lamarr ! Née en 1914 en Autriche, elle s’est fait connaître pour sa carrière d’actrice d’abord en Europe puis aux États-Unis, à Hollywood. Mais en plus du cinéma, elle se passionne également pour l’ingénierie informatique. En 1941, dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, elle met au point, en collaboration avec son ami le musicien George Antheil, un “système secret de communication” applicable aux torpilles radio-guidées permettant de rendre une attaque sous-marine très difficilement détectable par un ennemi. Ce système fonctionne sur un principe appelé “étalement de spectre par saut de fréquence”, autrement dit, le signal contenant l’information se diffuse sur différentes fréquences radio et en change régulièrement d’une façon qui semble aléatoire, ce qui rend ce signal très difficile à intercepter car seul l’émetteur et le récepteur connaissent l’ordre d’enchaînement de ces fréquences. Ce système est encore utilisé aujourd’hui dans la plupart des transmissions militaires cryptées, mais est aussi l’ancêtre de systèmes que l’on connait tous tels que le GPS, le Bluetooth… et le Wi-Fi ! En 2018 sort le documentaire “From Extase to Wifi” qui retrace son histoire de femme actrice et scientifique.

Hedy Lamarr commence par faire carrière à Hollywood dans les années 1930, avant de se livrer pleinement à sa passion, à savoir l’innovation technologique. Après avoir amélioré l’aérodynamisme des ailes d’avion pour le milliardaire Howard Hugues, elle met ses talents au service de la Navy durant la Seconde guerre mondiale. Elle conçoit, avec l’inventeur George Antheil, le système de communications radio novateur qui donnera plus tard naissance aux systèmes de communication sans fil Bluetooth et Wifi, que nous utilisons encore aujourd’hui.

Jean Bertik et Eniac

Jean Bartik et les « ENIAC Girls »

En 1943, en pleine guerre du Pacifique, l’armée américaine lance la conception d’un superordinateur qui sera le tout premier ordinateur électronique au monde. Tous ceux construits jusqu’alors procédaient de manière mécanique, ce qui posait une limite à leur rapidité. Baptisé ENIAC, il vise à accélérer les calculs pour optimiser la trajectoire des missiles. Ces derniers étaient jusqu’alors effectués à la main par des mathématiciens. Mis en place à l’Université de Pennsylvanie, le projet recrute six femmes, rapidement surnommées les « ENIAC Girls », pour programmer le logiciel de l’ordinateur, tandis que la conception du matériel est confiée à des hommes.

Diplômée en mathématiques, Jean Bartik est l’une d’entre elles. La jeune femme et son équipe apprennent rapidement à programmer en partant de zéro, sans langage ni outils de programmation préalables. Elles se distinguent en résolvant des problèmes complexes et en suggérant des améliorations matérielles. Quoique conçu dans une optique militaire, l’ENIAC constitue une pierre angulaire dans l’histoire de l’informatique civile. Plus tard, l’équipe travaille sur l’UNIVAC, premier ordinateur à visée commerciale produit aux États-Unis. Longtemps demeurées dans l’ombre, les « ENIAC Girls » accèdent tardivement à la postérité en 2013, lorsqu’un documentaire leur est consacré. Jean est, quant à elle, honorée du Prix des pionniers en informatique en 1997.

 

Joan clarke

Joan Clarke, collaboratrice d’Alan Turing

Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que le Royaume-Uni et l’Allemagne nazie se livrent à une guerre navale sans merci, le gouvernement britannique met en place un projet visant à décoder le système de communications Enigma, utilisé par les forces de l’Axe pour envoyer des messages secrets. Mathématicienne à Cambridge, Joan Clarke travaille sur ce projet en collaboration avec Alan Turing. Elle contribue alors, avec le reste de l’équipe, à la création de la machine Bombe, mise au point pour décoder les messages allemands, et considérée comme l’un des premiers ordinateurs de l’histoire. Ses travaux lui valent d’être décorée par le gouvernement britannique après la guerre. Elle est portée à l’écran par Keira Knightley dans le film Imitation Game.

 

Grace Hoper

Grace Hopper, la « reine du logiciel »

Vous connaissez sûrement le COBOL (Common Business Oriented Language) mais connaissez-vous Grace Hopper (née en 1906) surnommée “The Mother of Cobol” ? Ce langage créé en 1959, a pour but de rendre plus accessible la programmation informatique à des employés non-informaticiens des administrations, grâce à l’utilisation d’une syntaxe proche du langage naturel anglais. Le COBOL s’est très largement inspiré du langage FLOW-MATIC inventé par Grace Hopper quelques années plus tôt. 60 ans plus tard, malgré des prédictions régulières de sa disparition imminente, il reste le langage de prédilection des institutions bancaires internationales et est utilisé dans la plupart des systèmes de gestion administratifs. Décorée de nombreuses fois pour ses innovations et son rôle dans la marine américaine, Barack Obama lui décerne même en 2016 à titre posthume, la Médaille Présidentielle de la Liberté.

Diplômée en mathématiques à l’Université de Yale et réserviste de la Navy, Grace Hopper travaille elle aussi au développement de l’UNIVAC. Elle cherche alors à améliorer la manière dont on donne des instructions aux ordinateurs. À l’époque, entrer des lignes de commande nécessite d’aligner les chiffres, technique complexe et peu intuitive. Grace Hopper souhaite que l’on puisse entrer des commandes directement en anglais, comme l’on s’adresse à un être humain. Elle atteint son objectif en créant pour l’UNIVAC le langage FLOW-MATIC. En 1959, elle retravaille FLOW-MATIC pour créer COBOL, plus généraliste. Celui-ci devient le langage de programmation standard pour les militaires et entreprises américaines. Il demeure encore employé aujourd’hui. Ses travaux contribuent ainsi grandement à nourrir la programmation moderne, si bien qu’en 1986, lors d’une interview, le journaliste David Letterman la qualifie de « reine du logiciel ».

Margaret Hamilton

Margaret Hamilton, la programmatrice derrière la mission Apollo

Après avoir obtenu une licence en Mathématiques, Margaret Hamilton (née en 1936) intègre le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et commence à y développer des programmes de prévision météorologique ainsi que des programmes de détection d’avions pour l’armée américaine. En 1960, à l’âge de 24 ans, elle est repérée et recrutée par la NASA pour le poste de Directrice du Département Génie Logiciel… soit le département en charge de programmer les logiciels servant à la navigation et à l’alunissage qui seront embarqués dans les vaisseaux spatiaux de la mission Apollo 11, 9 ans plus tard ! Grâce à ses idées novatrices notamment en matière de systèmes d’interface homme-machine et en techniques d’automatisation de cycle de vie des applications, la mission fut couronnée de succès et l’alunissage a pu avoir lieu sans encombre.

En effet, quelques minutes seulement avant que le module lunaire ne touche la surface du sol, un défaut de fonctionnement du système lié à la gestion de trop nombreuses tâches en simultané est détecté par l’ordinateur de bord qui parvient à le corriger automatiquement en ne priorisant que les tâches les plus importantes. À la manière d’un auto-diagnostic de l’ordinateur puis un Crtl+Alt+Suppr et “fin de tâche” automatique, ce qui était une avancée phénoménale en terme de programmation pour l’époque ! Il aura fallu attendre 47 ans après que Neil Armstrong ait posé le pied sur la Lune pour que Margaret Hamilton soit décorée en 2016 de la Médaille Présidentielle de la Liberté par Barack Obama.

Alors qu’elle travaille comme programmatrice au MIT dans les années 1960, la carrière de Margaret Hamilton connaît un tournant avec le lancement du programme Apollo. Fort de son succès sur le projet SAGE, un programme visant à prévoir la météorologie, elle se voit confier la tête de l’équipe en charge de la conception du logiciel pour la mission Apollo 8. À une époque où la programmation informatique en est à ses balbutiements, coder un programme susceptible d’emmener les hommes sur la Lune est un défi de taille. À la tête de son équipe, Margaret Hamilton parvient pourtant à mettre au point le système informatique qui sera utilisé pour le guidage du vaisseau. Son programme s’avère même capable de corriger tout seul une erreur qui faisait buguer l’ordinateur et menaçait de faire avorter la mission quelques minutes avant l’alunissage. Elle continuera de travailler sur les missions Apollo suivantes et jouera un rôle important dans l’évolution de la programmation informatique. En 2003, la NASA la décore de l’Exceptionnal Space Act Award.

La liste pourrait encore être complétée car de nombreuses femmes ont joué un rôle fondamental dans la transformation du monde de l’informatique. Aujourd’hui encore, de grandes scientifiques continuent d’innover dans ce milieu comme par exemple la physicienne australienne Michelle Yvonne Simmons qui a fondé en 2017 le centre ARC, dédié à la recherche sur les technologies quantiques.

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Jean Claude Mbiya
Jean Claude Mbiya

Développeur Web full stack, Développeur Android (Certifié Google AAD) Formateur dans les domaines du numérique, Créateur letecode.com 👨‍💻. Je suis un grand passionné des nouvelles technologies et j'adore partager ce que j'apprend.

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